
Jacques Revault est une référence majeure dans l’étude de l’architecture tunisienne. Chercheur au CNRS et historien de l’architecture, il a consacré plusieurs décennies à documenter le patrimoine bâti de la Tunisie, notamment à travers une série d’ouvrages devenus incontournables. Son travail se distingue par une approche scientifique rigoureuse combinant relevés architecturaux, photographies d’archives et analyses historiques. Il a joué un rôle clé dans la préservation de la mémoire architecturale tunisienne, en particulier celle des médinas, des palais et des habitations traditionnelles.
Ses recherches se concentrent sur l’organisation spatiale et les techniques de construction propres à l’architecture tunisienne. Il met en évidence l’ingéniosité des médinas, avec leurs ruelles sinueuses conçues pour protéger du soleil, leurs maisons à patio central favorisant la ventilation naturelle et leur articulation entre espaces privés et publics. Il s’intéresse particulièrement aux matériaux et aux méthodes employées, tels que la pierre calcaire, les briques de terre crue, les enduits à la chaux et les charpentes en bois de palmier ou de cèdre. Son analyse détaille également le rôle du décor dans l’architecture domestique et religieuse, qu’il s’agisse des zelliges (carreaux de faïence émaillée), des stucs finement sculptés ou des plafonds peints.
Parmi les ensembles architecturaux étudiés, on retrouve les palais et demeures patriciennes de Tunis, de Kairouan et de Sousse, dont il a scruté la structure, les ornements et la distribution fonctionnelle. Il met en lumière l’influence des civilisations successives sur l’architecture tunisienne, notamment les apports andalous dans la finesse du décor, l’héritage ottoman dans l’agencement des cours et des galeries, ainsi que l’impact du protectorat français dans l’évolution du paysage urbain. Il s’intéresse également aux édifices religieux, analysant en détail les mosquées et les médersas, leur conception et leur rôle dans la société.
L’un des apports majeurs de Jacques Revault réside dans la documentation minutieuse qu’il a réalisée, permettant de sauvegarder un patrimoine parfois menacé par la modernisation ou l’abandon. Ses publications, illustrées par des relevés précis et des photographies, servent aujourd’hui de base aux restaurations et aux études du bâti historique tunisien. Son travail continue d’influencer les architectes et chercheurs qui s’intéressent à l’urbanisme et à l’histoire de l’architecture en Méditerranée.